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04/12/2018

Trail de l'igue: un des plus beaux, et des plus durs!

Je suis loin d'avoir fait toutes les courses nature du Lot, mais parmi les trails techniques du département, deux sortent du lot (pas le département!) et reviennent dans les discussions: le trail de l'Acqueduc à Cours (village bien nommé), fin janvier,et le trail de L'Igue à Crégols, un petit village dans la vallée du Lot (la rivière), début décembre.

Dimanche denier, premier du mois de Décembre, j'étais donc au rendez-vous pour honorer cette course que j'aime et que j'ai faite pas mal de fois déjà.

Contrairement à mes anciennes participations, où de mémoire, j'ai toujours vu là-bas un froid sec et en général des températures négatives au départ, cette année il pleut et il fait doux, une dizaine de degrés. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre, car d'une part je réclame la pluie depuis longtemps, d'autre part j'aime les conditions un peu "pourries", ça met un peu de piment à la chose.

Retrait des dossards, échauffement, je n'ai pas le temps de dire ouf en arrivant sur la ligne car le départ est donné. Timing! Les premiers hectomètres se font sur le plat dans la vallée pour étirer le peloton et "mettre en température" les moteurs, puis on retourne vers le village où l'on "attrape" le premier chemin montant. On est encore bien compact en file indienne. Lorsqu'on arrive en haut, des groupes commencent à se constituer, et on redescend aussitôt en empruntant une sente technique, tout en virages serrés et en marches à sauter, bref le trail qu'on vient chercher à Crégols. On ressort dans un pré qui sert pour l'occasion de parking, au dessus du village. On évolue sur une petite route, puis une piste, puis un monotrace qui se fait progressivement plus montant. A la fin la marche avec mains sur les quadriceps remplace la course, c'est plus efficace lorsque le terrain penche fort. A y est, on passe juste à côté de la fameuse igue, ce gouffre qui donne son nom à la course. Toujours aussi beau ce site, je m'arrêterais bien pour contempler mais le chrono pousse à continuer... Je suis à distance de la première fille, suis tenté de donner un coup de cul pour la rattraper et la passer mais je me ravise, car elle avance vraiment bien et je ne veux pas me cramer si tôt...

La descente qui suit est la plus technique: on évolue sur une trace peu matérialisée à flan de ravin, entre rochers et buis; jolie vue mais obligé de regarder où je mets les pieds; je suis sur les pas de ma traileuse, ne tente pas de la doubler car elle est habile et l'allure me convient, d'ailleurs un concurrent qui nous entend arriver nous laisse passer... on descend à l'aide d'une main courante une rupture de pente rocheuse, où je me permet de la conseiller, car elle descend en marche avant, n'est pas du tout à l'aise et accessoirement nous fait perdre du temps (ça arrive derrière!). "Dans l'autre sens et assise comme dans un baudrier ça devrait aller mieux" lui dis-je. Elle met mon conseil à exécution et effectivement tout va mieux pour elle! Elle me remercie en s'excusant pour son cafouillage, et reprend immédiatement une longueur d'avance dans la fin de la descente en forme de combe. Hop, on remonte illico. D'abord à la course, ensuite à la marche, les quadris brûlent trop. Nous sommes trois ensemble. Replat, elle en remet une couche! Je m'accroche quelques mètres derrière elle, notre compagnon cède provisoirement un peu de terrain avant de revenir. Ça descend, ça glisse sur les dalles rocheuses, je piste toujours mon lièvre qui est loin d'avoir abdiqué mais je me sens plutôt bien, en mesure de continuer sur cette allure en tous cas. Je regarde le chrono pour la première fois depuis le départ: 0h46, je n'ai vraiment pas vu le temps passer, et me dis: "une bonne moitié de faite". Je ne croyais pas aussi bien penser...

Après la descente... la montée, et vous ne me croirez pas... elle est raide! On est maintenant quatre ensemble. Notre compagne accuse le coup, elle se met à marcher alors qu'on court, elle vient de craquer je pense à ce moment-là. En fait pas tant que ça, car si je ne la reverrai pas pendant la course, elle arrive juste après moi et je la devance de quelque chose comme une minute! 

Descente technique, je sais c'est pas très original, nous sommes toujours trois dont un qui attaque carrément! Je me sens bien et j'aime descendre alors j'emboite le pas! Il regarde de temps en temps par dessus son épaule au détour d'une épingle, je suis toujours là! Par contre nous ne somme plus que deux. Provisoirement encore une fois... Flan de côteaux caillouteux, on marche-court, comme on peut, en essayant de garder l'équilibre dans ce gros dévers et la castine qui se dérobe sous nos pieds. La vue est dégagée au dessus d'une ancienne carrière, en fait on est tous ensemble! Schuss dans les cailloux, on rattrape un chemin montant parsemé de dalles; je me force à courir alors que devant moi ça marche. Je double, on me double, j'emmène un petit groupe de quatre ou cinq. Les écarts sont vraiment minces, celui qui sera encore frais à la fin fera une belle opération au classement... 

Second ravito, j'avale une sorte de banga, repars quelque peu revigoré dans une côte en ligne droite où tout le monde se voit. On doit être pas loin d'une dizaine à une distance d'une centaine de mètres, on en est à 1h15 de course... Serré mais je commence à être bien entamé sur le plateau qui suit tout en virages, minis côtes et minis descentes, dans les conifères cette fois... (tiens, j'ai encore la lucidité d'apprécier le paysage?). Sur ce passage je suis en chasse patate: j'ai creusé un écart derrière mais devant j'ai un groupe de cinq coureurs qui se marquent à la culotte. Je sens que je ne pourrai pas les rejoindre et qu'ils s'expliqueront sans moi... ce qu'il se passera. Dernière descente, rapide et raide, les places sont figées! Je prends même du plaisir dans cette dernière portion avant d'arriver dans le village, de passer l'arrivée en 1h31 et des poussières, et de finir à la 24 ème place sur 180. L'intérêt n'est pas là, ce matin je peux dire que je me suis éclaté pendant une heure et demie, et ça ça fait un bien fou en ces temps un peu troubles dans notre beau pays sur fond de jaune fluo et de rouge feu...

Sinon, content? Du temps et du classement, oui plutôt, sans sauter au plafond. Le premier, Johnny Lherminier, est un coureur de haut niveau largement au dessus du lot (pas le département!). Loin de moi l'idée de me comparer ne serait-ce qu'une seconde à un cador comme lui. Il boucle le parcours de 15 km à la vitesse supersonique (et super cinique?!)de 1h06! Comment fait-il? Il vole ou quoi?? Il met 6' au deuxième, Benjamen Pelaprat, un jeune lui aussi très bon coureur... Pour mettre moins d'1h20 sur un parcours comme ça avec cette météo et ce terrain aussi physique, piégeux et glissant, il faut vraiment s'y entendre... Mais modestement et à mon petit niveau, je vois que l'entrainement commence à payer, en témoignent les bonnes sensations que j'ai eues, toujours à mon niveau à moi... En tous cas le plaisir est toujours autant là, et ça c'est vraiment cool!