28/04/2019
Trail du facteur: chassez le naturel...
... Il revient au galop. Par là j'entends que j'aime le court en course à pieds, et qu'après une petite incursion sur du plus long (trail d'Autoire, 20 km, pas non plus un ultra), je reviens sur du vrai format "short track". Par goût bien sur, mais aussi par la force des choses. Explications.
Depuis le trail d'Autoire, le 31/03, mon entrainement a été pour le moins décousu: les deux semaines qui ont suivi, je n'ai pas effectué une seule séance de sport. Pas le temps. Et la tête à finaliser un dossier de validation d'acquis, qui me tient très à coeur et pour lequel j'avais une échéance à la fin avril. Les dates bûtoires c'est bien, car quand on n'a pas le choix... on n'a pas le choix. Et jusqu'à la semaine dernière, j'ai donc été tendu vers ce seul objectif. Voilà qui est fait, je me sens presque orphelin maintenant que c'est fini... Enfin presque fini, puisque début juillet j'ai un entretien avec le jury; verdict juste après. J'ai donc repris la course à pied seulement la semaine dernière, avec trois séances d'environ 1h30: la première en endurance, reprise oblige, les deux autres contenant de l'intensité. Je ne suis monté en puissance qu'après, avec une super semaine réalisée, dont voici le détail:
-Mardi: 1h32. Route sur le plat. 36' en 1'-1' (177 bpm max), sur le plat toujours, gros bloc de fractionné qui m'a laissé un peu sur le carreau en fin de séance, mais avec l'impression d'avoir "bien bossé".
-Mercredi: 1h28. Nature, valloné. Pas de série. Pas de jambes non plus (!).
-Jeudi: 1h31. Footing sur route plane. Encore les jambes un peu en coton. Seul objectif de la séance: surtout faire cool.
-Vendredi: 1h27. Sortie typée trail, fartlek "doux". Très bonnes sensations, très bonnes jambes, envie d'accélérer mais je me réfreine, je pense à dimanche. Durant cette sortie je me suis fait notamment une série de 5,5 X une boucle de 6' environ avec un "pétard" monté en partie en marche rapide sous le chateau de Blanat, et une descente plus longue et moins pentue, où je me lache plus. En fait je "fais" les descentes, et pas trop les côtes. Terrain gras et glissant, j'adore, et la nature aussi, elle commençait à creuver de soif.
-Samedi: 0h58. Footing récup, toujours sur le plat. Je ne me sens pas "à la couenne", mais j'y vais cool cool, avec l' impression que ça va mieux en fin qu'en début de sortie.
-Dimanche: la course.
Voilà pour la mise en contexte, les faits maintenant. Je choisis donc de m'aligner sur le 13 km et 400 m D+, car le 25 km et 1200 m D+ est beaucoup trop pour moi, n'ayant pas réalisé une seule longue sortie depuis Autoire. Je me doute bien que je ne serai pas à la rue, car mes sensations depuis ma "reprise" sont bonnes. Par contre je sais aussi que je ne jouerai pas les trouble faits, mais ça n'est pas ma préoccupation: je viens juste m'amuser et me vider la tête!
Dès le départ ce matin, je me suis senti pas trop mal: je me retrouve dans les 20 premiers sur la partie plane post départ, et commence à remonter dans la première côte, très gadouilleuse et pleine de flaques. S'ensuit une descente plus pierreuse, peu piégeuse donc rapide; je suis dans un groupe de trois, un peu sur le frein, ne voulant pas me cramer trop tôt.
On est en fond de vallée, sur un single un peu casse pattes, mais qui se négocie pleins fers. Je ferme la marche d'un groupe de quatre, suivant sans trop de problèmes. Suite à une petite erreur de parcours tout de suite rectifiée de mes compagnons, c'est moi qui ouvre. Je durcis un peu le rythme, et voilà que l'on attaque la deuxième côte. Au détour d'une épingle je me rends compte que j'ai fait mal, car j'ai creusé un petit écart. Seul un concurrent me suit, il me colle même aux basques. Il fait le forcing, s'excuse, je le laisse passer, il est facile, je ne le reverrai qu'à l'arrivée.
En haut de la bosse on arrive au deuxième ravito. Arrêt express pour moi, le temps d'avaler un tiers de verre de coca et un bout de banane. Un concurrent est à l'arrêt, il accuse le coup. La pente s'inverse, pas de question à se poser, je me lâche. Descente en épingles, je suis talonné par un groupe. Arrivés en bas on remonte illico en pente douce. A ce moment c'est dur pour moi: le concurrent qui me précède se fait la malle, je ne l'aperçois que par intermittence, et j'ai quatre ou cinq gars sur mon porte bagage. Ça y est, ils ont fait la jonction. Un d'entre eux prend le relais, je ne le lâche pas d'une semelle. La pente douce est maintenant très raide, de sorte qu'on la termine à la marche. Je m'accroche à mon meneur, et suis d'ailleurs le seul, derrière un petit écart s'est créé. En haut de la butte on arrive sur un chemin large, puis sur une petite route bien exposée au vent. J'en profite pour m'abriter derrière mon compagnon, j'ai le droit car j'ai beaucoup emmené jusqu'à présent! Une fois que je me suis un peu refait, je le passe à nouveau, tout en en rajoutant une petite couche, histoire de voir ce qu'il a dans le ventre... et lui prends quelques longueurs, mais tout cela est très fragile!
Encore une descente tout en épingles. Je ne fais plus semblant, je lâche presque tout mais n'arrive pas à creuser d'écart! Pourtant je suis combatif aujourd'hui... Petit fond de vallée, troisième ravito devant lequel on passe sans s'arrêter comme des impolis (!), et voilà le clou du spectacle: un mur se dresse devant nous, nous n'avons plus qu'à l'escalader en poussant comme on pourra sur les cuisses, en s'aidant des mains et de la main courante! J'emmène à nouveau un gros groupe qui s'est reformé. Ceux qui laisseront le moins de plumes à l'issue de cette dernière côte sont ceux qui rallieront la ligne les premiers! Le cardio monte à 178, les cuisses brûlent, là je peux dire que je suis en souffrance... Un concurrent lâche un "c'est horrible" qui vient du coeur, auquel nous souscrivons en silence... Personnellement je suis toujours en tête, et parviens même à creuser un petit trou...
Enfin en haut! "Bon, maintenant, si tu veux conserver ta place il faut relancer!" Pas de répit donc, je me lance sur le chemin de crête qui suit, puis dans la descente sinueuse et peu matérialisée qui suit à corps perdu... Je me trompe même un instant, mais retrouve très rapidement la voie grâce aux rubalises. On arrive en vallée, on nous annonce un gros km de course restant. Cela fait un petit moment que je ne me pose plus de question, je continue presque à bloc, me retournant de temps en temps. J'ai deux concurrents à une trentaine de mètres, mais ils ne gagnent pas de terrain... Le cardio est toujours à 175 bpm lorsque j'entends le speaker et aperçois l'arche, plus que quelques dizaines de mètres, c'est bon je peux couper l'effort! Poignée de main avec mes deux poursuivants, blagues... Yeah une table de ravitaillement avec du coca, le bonheur tient à peu de choses, ça c'est sur...
En fin de compte je m'en sors bien: 1h10, dixième au scratch sur 160, quatrième V1, et surtout de bonnes sensations de courses... De bon augure pour la suite de la saison? Oui, si j'arrive à m'entrainer à peu près comme je veux!
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